LA CORRIDA POUR DES BESSERADES

L'affaire à fait son effet. Les associations y sont allées de leurs cris d'effraie et la presse s'en est mêlée, pour ne pas dire s'est emmêlée dans une présentation un peu tronquée et fallacieuse des faits.


Pensez donc! Un enfant de dix ans qui vous fait virevolter la capote, telle une danseuse de fandango, devant des toros aux cornes acérées en baïonnettes meurtrières, qui vous manie la muleta avec la grâce d'une libellule, plante les banderilles avec la précision d'une abeille vous dardant, met à mort le taurillon sans un geste de remords, plantant son épée dans l'échine du bestiau avec l'orgueil dressé comme un building, pensez donc si ça dérange les aficionados de la bataille contre les corridas.

                

Seulement ce spectacle -car c'en est un, et haut en couleurs- tel que décrit ci-dessus se déroule au Mexique et pas dans notre beau pays où bientôt rien ne sera plus accepté qui ne soit aseptisé, édulcoré, banalisé. Car en France, où les enfants, malgré qu'on en ait, pâtissent du laxisme d'une éducation parentale lymphatique sauf à vouloir en faire des ersatz de chanteurs, acteurs ou sportifs nains, afin de reporter sur les rejetons les espoirs déçus d'une parentèle étriquée, les besserades n'ont rien de commun avec une véritable corrida.


L'apprenti matador affronte un veau d'une centaine de kilos, ne pose pas de banderilles et ne pratique pas l'estocade; il se contente de quelques passes, de véronique et de molinete. Puis le veau est rendu à sa mère. C'est ce que devait faire Michelito à Arles, où le préfet sous pression a interdit la besserade, cette faribole pour lui. Ce jeune torero de dix ans, dont le père est gersois et matador, a déjà donné l'estocade à des taureaux de 250 kilos, au Mexique.  Un prodige pour les spécialistes de la corrida.


Je n'en suis pas. Je n'ai assisté qu'à une seule corrida. J'avais vingt ans alors et n'ai pas particulièrement aimé, hormis l'ambiance sonore et colorée de ces jeux d'arène, mais pas rejeté non plus. Je peux comprendre les véritables aficionados de cette lutte mythique et surtout admettre, puisqu'elle subsiste, qu'il faut bien faire son apprentissage avant d'affronter le fauve. Qui peut prétendre exercer un art sans avoir jamais fait ses gammes? Fabricando fit faber. Nul ne peut être l'incarnation de Mithra,  à peine sur terre, tuant le taureau, sauf peut-être ce Michelito, venant de l'autre côté de l'Océan, retrouver la terre ancestrale de laquelle naquit ce toréador en miniature, appelé à de futurs triomphes.


Au prétexte que le travail des enfants est interdit, les associations de lutte contre la tauromachie ont obtenu l'annulation de quelques besserades, le préfet arguant que les arènes de Gimeaux, par exemple, n'étaient pas conformes à la sécurité. De qui se moque-t-on? Ces enfants s'amusent aussi en affrontant de jeunes veaux, sans plus de risques qu'un gamin s'exerçant à l'alpinisme, à la bicyclette, à la gymnastique ou participant aux jeux d'Interville. Faisant flèche de toute corne, les anti-corridas argumentent sur des bases fallacieuses, invoquant le travail clandestin, la mise en danger d'autrui. A s'agenouiller devant ces zélateurs de la stérilité il va falloir interdire tout apprentissage, du sport le plus banal à la profession la plus exposée. Leur corrida n'est pas séduisante et les matadors qui s'y déploient n'ont pour muleta qu'un mouchoir en papier dans lequel ils ne savent que postillonner. 

Commentaires

Anonyme a dit…
En ces temps où tout doit être asseptisé, javelisé et politiquement correct, il est normal de voir surgir avec férocité les affidés de Brigitte Bardot qui ne veulent pas faire de mal même à une mouche. La corrida est plus qu'un sport de haut niveau, c'est un art et une tradition régionale. J'admire, sans les soutenir forcément, ces virtuoses de la muleta. Mais supprimer des fêtes pour gamins qui virevoltent devant des veaux qu'ils ne mettent pas en danger et ne blessent pas, est une ânerie qui prouve le caractère obtus des anti-corrida inconditionnels, comme l'auteur de ce blog :
http://www.blogg.org/blog-73002.html
Comme ils ne peuvent invoquer la douleur des bêtes qui ne souffrent pas dans ces rencontres enfantines, ils prennent un autre angle d'attaque, tout aussi ridicule, qu'est le travail des enfants. Ils feraient mieux de lutter contre les bébés phoques, les homards jetés vivants dans la poële, les moutons égorgés ou les chiens abandonnés au bord de la route. La vie est un combat et pour manger de la viande, il faut bien tuer le boeuf.
Patrick Pike a dit…
Entièrement d'accord papyves.