LES AMATEURS A MATER!


L'été, alors que les vacances pour certains s'anéantissent dans la cuisson des corps, recto-verso, étendus sur le barbecue des plages, fleurissent les festivals officiels mais aussi les spectacles qu'organisent, dans la joie et le bénévolat, quelques amateurs passionnés, peu soucieux de leur temps et de leur fatigue.
J'avais eu le plaisir, il y a longtemps, d'assister à plusieurs d'entre eux, en spectateur, dans la douceur des soirées de juillet. Mais jamais je n'avais intégré l'arrière du décor, me satisfaisant d'écouter et de voir, l'espace d'un instant, puis de repartir en commentant ce qui m'avait semblé agréable ou non. Lors de ces étés festifs, j'avais pu apprécier l'apparence. Qu'ils soient de musique, de danse, de théâtre, de folklore, villageois ou citadins, ces divertissements ont tous un point commun, l'enthousiasme des participants qui se devine dans le don de soi.
J'en suis d'autant plus convaincu que le mois dernier j'ai pu suivre le déroulement d'un spectacle, de la mise en place des décors à la dernière représentation, en photographe.

Hormis le metteur en scène et ceux de la régie, puisqu'il en faut nécessairement, professionnels et dûment rémunérés, tous les participants, de ceux qui bâtissent les décors à celles qui jouent, qui vendent les billets ou placent les entrants, beurrent les sandwichs ou surveillent l'entrée, tous prennent sur leur temps de travail ou de repos les heures nécessaires à la préparation de leur spectacle -car il s'agit bien du leur- sans demander d'autre récompense que les applaudissements du public. Et j'ai découvert des êtres magnifiques dont beaucoup de professionnels, blasés par l'habitude, devraient s'inspirer. Ils ne jouent pas, ils donnent leur coeur.

Or, et c'est ici que je voulais parvenir, il y a en Bretagne quelques esprits curieux qui jugeant sans doute ce phénomène contraire à la morale, ont décidé de préparer un projet de loi pour encadrer les représentations artistiques amateurs. Ils veulent les soumettre à la législation du travail afin que les participants soient payés. Ce projet de loi sera présenté à Mme Albanel en fin d'année.

Voilà des bénévoles qui prennent plaisir à créer un spectacle, qui ne demandent rien sinon qu'on vienne les applaudir dans leur prestation, qui ne souhaitent qu'une chose, offrir leur talent au public, que l'association à laquelle ils appartiennent puissent récolter quelques subsides pour survivre et poursuivre son chemin, qui soudain, par la déraison d'individus échafaudant sur le papier quelques équations prouvant le bénéfice que la société liberticide qu'ils espèrent pourra en tirer, vont se retrouver avec bulletins de salaire, cotisations et toute la panoplie des contraintes d'une société cotée en bourse. Car ce ne sera pas un salaire de misère, le texte imposerait un cachet de 210 euros par jour pour chaque amateur (bénévole), afin de lutter contre le travail au noir et protéger les vrais professionnels.

Ce qu'ils oublient ces penseurs féconds, ces théoriciens de l'art, ces intermittents de la politique, c'est qu'aucune association, aucun organisateur ne pourra supporter un tel poids financier; à moins d'organiser des one-man-show! Le concert d'un bagad avec un homme orchestre! La prise de la Bastille par Arturo Brachetti! Un son et lumière avec un pipeau et une lampe torche! La foule en délire n'aura payé que deux euros la place et dans les gradins les amateurs d'hier, ignorant guignol, rêveront du temps où ils pouvaient, pour le bonheur de tous, assouvir leur passion.

Commentaires

Anonyme a dit…
Oui, vous avez raison... une fois de plus !
Un exemple ??? Je n'ai jamais vu plus triste festival d'Avignon que celui de cette année... Un encadrement des forces de l'ordre qui fait peur, empêchant "troubadours" et "ménestrels" de nous charmer à chaque coin de rue, comme à l'accoutumée... Les affiches des spectacles ont été 20 fois moins nombreuses que les autres années, et très très vite retirées une fois le festival terminé. Nous avons quand même pu assister à quelques jolies pièces, mais la folie, la poésie, et l'anarchie parfois du festival, étaient bel et bien absentes cete année.... On ne peut pas à la fois se consacrer à son art, quel soit-il, qu'on soit amateur ou confirmé, et se prendre le cerveau avec toute cette paperasserie dont l'Etat semble de plus en plus friand !
Des bises, en espèrant que mon commentaire apparaîtra..
Patrick Pike a dit…
Bonsoir Mistouflet,
Merci de votre commentaire que j'ai publié à votre place puisqu'il n'apparaissait pas.
D'autres m'ont signalé le même problème. Peut-être est-ce dû aux codes qu'il faut inscrire lorsqu'on n'est pas identifié. Prenez un compte type pad (OpenID - le petit nuage: il suffit de s'inscrire) vous pourrez publier des commentaires sur pleins de sites sans vous identifier à chaque fois, et sans ces codes à noter.
Quant au reste, la société actuelle est en train de briser toutes les bonnes volontés et les élans du coeur et de l'esprit au nom de la rationalisation.
L'univers s'attriste.