Les crabes.

Sur la plage, où je poursuis ma quête de coquillages en vue de futurs trocs, je regarde les crabes. 
C'est amusant une troupe de crabes, ils ont tous la même démarche, se dandinant de travers pour rejoindre la mer, comme s'ils voulaient faire croire que, pas du tout, ils n'y vont pas, ce n'est pas leur but, leur regard se portant vers un horizon moins mouvant. Pourtant quand ils l'atteignent, de quelle frénésie, de quel délice, de quelles ripailles ne se gavent-ils pas !
 Ils sortent de nulle part mais ils grouillent comme des gigolos au bal des débutantes. 

A propos de gigolo, le crabe suisse qui a fait chanter la belle patronne allemande héritière de BMW, je me demande comment il a bien pu s'y prendre pour la pincer. A priori sans le moindre coquillage ; il a réussi à pénétrer ce monde où l'argent se dissout dans l'acide de la réputation. Sans coquillages ou presque d'ailleurs, car il avait un complice qui filmait leurs ébats dans la chambre voisine de l'hôtel de luxe où il pratiquait son art. 
Je ne sais pas si ça l'excitait de savoir qu'on le contemplait par l'oculus, le Casanova, mais pour ma part je n'aurais pas apprécié, même pour quelques millions d'euros prévisibles. Il eût fallu que je fisse un effort à me provoquer une hernie du cervelet. Et ça, ce n'est pas bon du tout pour la suite des opérations. Des additions devrais-je dire, car la belle, dans la crainte de ternir sa réputation, n'hésita pas à ouvrir les dessous de ses affaires pour le payer grassement.
 La simplette ! Quand on met le doigt dans cette espèce de trou noir qu'est un maître-chanteur, le reste de la carcasse suit le mouvement. Elle sut tout de même y mettre un terme avant d'être sur la paille. 

Sur la paille, je l'aurais bien mise pour la faire chanter, mais d'une autre manière, la belle teutone. Je lui aurais fait découvrir la Chevauchée des Walkyries sans lui demander de droits d'auteur. Car à regarder son image, que les journaux se sont fait une joie de diffuser, elle apparaît fort désirable. 
J'aime ces femmes qui s'enflamment, se laissent aller à quelques instants de bonheur, de liberté, pour rompre la monotonie de leur existence. La jouissance qu'elles éprouvent n'en est que plus communicative.

En revanche les crabes, qui vont à reculons, ne sont bons qu'en courts-bouillons.

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