Divulguer peut être criminel.

La sottise est vraisemblablement un art que quelques uns, pour ne pas dire beaucoup, concoctent, tissent, peaufinent, caressent amoureusement, puis s'emploient à exposer dans la galerie de la flaccidité. Curieux, les passants s'y arrêtent et s'extasient, montrant ainsi leur prédisposition naturelle à l'inconsistance, les neurones inertes dans la gélatine de leur esprit.
Lorsque j'ai lu l'information selon laquelle une jeune prostituée d'Estonie ressemblait à la petite fille disparue il y a six ans, Estelle, et que ce portrait, ainsi que sa localisation, s'affichait dans tous les supports de la presse, je ne pus que songer que le, ou les informateurs, puis ceux qui divulguèrent cette nouvelle firent preuve d'un manque total de clairvoyance.
Mais il en est toujours de même, celui qui perce un secret, l'esprit, en proie à l'ivresse de montrer qu'il est au-dessus du commun, fait fi de toute considération et livre en pâture le peu de victuailles qu'il détient, sans se soucier de savoir s'il était judicieux qu'il le fît. Quant aux organes de presse, prenant le relais sans plus y réfléchir, ignorant désormais ce que signifient les termes déontologie, honneur, s'empressent de sprinter dans cette course échevelée pour satisfaire un auditoire avide. Et qu'importe si au bout de la piste une victime est offerte sur l'autel de la performance.
Or, révéler au monde entier une telle découverte, si tant est qu'elle est véridique, met la vie de cette gamine en danger. A moins que les services de police aient localisé le gang qui la séquestre, et puissent la protéger le cas échéant, je n'imagine pas que les proxénètes, désormais sachant qu'ils sont repérés, attendent, comme des moutons à l'abattoir, qu'on vienne démanteler leur infâme commerce et délivrer l'enfant. Leur réaction sera de la soustraire définitivement à toute investigation, soit en l'expédiant vers des contrées plus lointaines, soit en l'exécutant.
Quoi qu'il en soit, ces informateurs stupides auront sur la conscience la mort de cette jeune fille ou la prolongation de son calvaire.
Quelle que soit son identité, je souhaite ardemment me tromper et apprendre demain que ce réseau fût démantelé avant que ses membres n'aient pu agir. Mais le doute partage mon esprit avec la colère qui l'anime, car divulguer peut être criminel.

Commentaires

Anonyme a dit…
Même horreur, même colère et même dégoût en ce qui me concerne !
Anonyme a dit…
Oh.. ma Jachmam en haut ...

Je n'ai pas suivi l'affaire, Patrick. Je ne suis d'ailleurs plus rien du tout. Impression de manque de fiabilité totale.

Il n'y a plus grand-chose à faire contre la bétise.. J'hiberne :-)))

Bises époustouflifiées quand même :-)