Se masturber, et alors ?

Diogène de Sinope - Jules-Bastien Lepage - 1873

     Diogène de Sinope, dit le Cynique, avait montré la voie, prônant la masturbation. J’avais sur mes vingt ans écrit une chanson à sa gloire. 
     Aujourd’hui comme tout le monde j’ai tenté de voir la vidéo que la majorité applaudit, tandis que quelques Tartuffe s’en offusquent, le grand prêtre de ces imposteurs, dindon avec son étole rouge comme une caroncule, Christophe Barbier. 
     J’ai cherché mais n’ai pas trouvé, abandonnant au bout de quelques instants, essentiellement parce qu’après tout cela relève d’un acte totalement privé et qu’il m’eût été désagréable, avouai-je, d’en pâtir si celle avec qui j’ai pratiqué, il y a déjà longtemps maintenant, ce légitime et audiovisuel partage d’un plaisir différent avait eu l’indélicatesse, la méchanceté, la perversité d’en divulguer la beauté intemporelle. Ou tout autre scélérat ayant eu entre ses mains l’objet du délit, se l’étant procuré malhonnêtement ou non : l’enregistrement de la performance. 
     Je nomme performance ce qui le devient pour moi dorénavant pour des raisons que j’expliciterai plus bas, et non performance artistique comme ose se prétendre le prétendu praticien à l’origine du scandale, qui, pour sa part, n’hésite pas non plus à se dénuder pour, au choix, se couper un lobe d’oreille, dormir dans un rouleau de barbelé, se clouer un testicule devant le Kremlin ou encore allumer des incendies. Bref, des œuvres mineures et sans aucun intérêt qu’il devrait parachever triomphalement par un véritable chef-d’œuvre digne d’un artiste de son niveau, imiter les bonzes qui s’immolèrent par le feu. 
     Venons-en aux explications que j’évoquais précédemment. Je ne sais si c’est l’âge, la prise d’antidépresseurs depuis la mort de mon fils ou d’autres causes médicales, il me devient difficile d’imiter le jeune Griveaux. Heureux homme à l’excellente santé tant physique que mentale qui peut encore non seulement bander mais éjaculer voire procréer, ce ne sont pas des moqueries que je t’adresse mais mon admiration la plus sincère, mes encouragements à poursuivre et à faire fi des critiques vulgaires de celles et ceux qui ne comprendront jamais rien, non seulement à la beauté du sexe, mais surtout à sa nécessité. Et qui, au nom de la morale se permettent de donner des leçons. 
     Plus que de tristes pantins, ce ne sont que sinistres émasculés, crapules sapant, ébranlant l’architecture démocratique qu’ils haïssent parce qu’incapables d’y rayonner mais sachant profiter de ses bienfaits. Libres d’y nuire, ils dénient à ceux qui les entourent cette même liberté. Malfaiteurs de l’ombre, la lumière que recherchent ces traumatisés de la jouissance parviendra à les dessécher, les racornir un peu plus avant de les griller définitivement, au fur et à mesure qu’ils s’y exposeront gisants qu’ils sont au milieu du désert de leur pensée.

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