César et compagnie

Capture d'image - Trismus forestien aux César 2020

     La réaction de Lambert Wilson à propos de l’attitude déplorable de quelques actrices lors de la récente cérémonie des César, ce compagnonnage mondain à l’usage de cabotins, me paraît totalement fondée, tout comme celle de Fanny Ardant. Outre le fait que Roman Polanski, quoi qu’on dise, fut condamné aux USA, purgea la peine qui lui fut infligée suite au pernicieux plaider-coupable qui prévaut là-bas, comme au Japon, et ne vint en France que pour échapper au parjure d'un procureur, son œuvre, de plus, est d’une autre teneur que les parcours insignifiants des deux ou trois personnes incriminées et notamment de l’animatrice à la prestation insane vis à vis du réalisateur. À ce compte il ne faut plus lire Victor Hugo, pour n'en citer qu’un, et s'apitoyer sur le sort de Cosette qui, si elle n’avait été héroïne de fiction mais bien vivante, eût été harcelée, voire violentée par le grand homme tant adulé qui n’hésitait pas à faire dormir ses soubrettes près de sa chambre pour mieux les avoir à disposition. 
     Minable s’il en fut, Florence Foresti, sans talent abusant de turlupinades, pour qui se moquer du physique des autres fait office d’œuvre d’art, ne sut que bêtement grimacer déclenchant les hennissements charitables du troupeau parqué de zèbres enrubannés, m’as-tu-vu devant qui elle se contorsionnait, confondant humour et mimique pathologique, risus sardonicus, rictus provoqué par l’absorption d'une renoncule toxique, ou trismus dû au tétanos, précoce symptôme qu'elle affichait à l’évocation dénuée de finesse de celui que la soirée consacra ensuite. D’ailleurs, lors de la proclamation du résultat des votes, elle quitta inopinément la scène sans doute pour tenter de soigner ses contractions musculaires devenus chroniques. D’autres pseudo-Némésis qui, la queue entre les jambes s’il m’est permis d’utiliser cette expression, métaphore canine du XVe siècle, sans que l'on y voit une quelconque allusion ou autre chose que le penaud qui se sauve après avoir perdu un combat, battirent en retraite, bras levé en bannière publicitaire, s’échappant par l’issue de secours. 
     Car, s’il y a des combats légitimes, ceux que la haine seule dicte ne sont pas tolérables. Je sais que je vais m’attirer les foudres de ces nouvelles Wonder Woman en paillettes, outrancières et accusatrices, mais peu importe, je l’affirme, leur étroitesse de jugement m’importune et pire me révulse ; elles me font songer à ces furies qui, femmes du peuple assistant au supplice de la guillotine, venaient tremper leur mouchoir dans le sang du condamné. Au nom de quoi ? De la solidarité féminine peut-être. Plus sûrement de la haine et de la superstition inepte. 
     Comme pour tout crime, la seule personne qui pourrait éprouver un sentiment de vengeance à l’encontre du tortionnaire est celle qui en a subi le forfait et non celles et ceux qui s’imaginent présidents d’une cour populaire et arbitraire. Dans nos sociétés policées existe une justice respectueuse du droit de chacun et non complaisante, quoi qu'on pense. À condition que plainte fût déposée. Il suffit d’assister à quelques procès d’assises mettant en cause des violeurs pour s’en convaincre. À ce propos je lis que plus d'une centaine d’avocates s’émeuvent, dans une tribune qu'elles ont co-signée, de cette situation et disent non au « triomphe du tribunal de l’opinion publique », l’arbitraire étant à leurs justes regards contraire au droit. 
     « Nous sommes féministes mais ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme-là, qui érige une conflictualité de principe entre hommes et femmes » écrivent-elles, ainsi que cette affirmation que je partage sans réserve : « On se pique d’avoir à le rappeler, mais aucune accusation n’est jamais la preuve de rien : il suffirait sinon d’asséner sa seule vérité pour prouver et condamner. » 
     Tiens ! quelle divine surprise ! des féministes estimables.

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