Des citrons bio

 
Capture d'écran émission Cdans l'air.

   Nathalie Schuck, journaliste au Point, est vraisemblablement une professionnelle très informée et bien placée dans les petits papiers des grands de ce monde. Pour preuve le bouquin qu’elle écrivit il y a quelques mois sur « Madame la présidente », Brigitte, épouse du président Macron, après avoir, quelques années auparavant, tout répété de ce que lui avait confié Nicolas Sarkozy sur ce qu'il pensait de François Hollande, dans un livre au titre révélateur, « Ça reste entre nous, hein ? ». 
   Je l'écoutais tout à l’heure dans une émission télévisée d'un peu plus d’une heure où les invités, généralement au nombre de quatre, répondent aux questions interminables d'une animatrice. Ce qui d'ailleurs leur laisse, pour dire des banalités sur un ton doctoral, un temps de parole ramené à la portion congrue. Ce soir c'était un animateur plus concis. Sans doute pourquoi Nathalie Schuck réussit, sur un sujet qui traitait de la nomination du nouveau premier ministre et de ses priorités, de placer incongrûment la rengaine devenue lassante d'une nourriture pour tous de meilleure qualité, donc nécessairement bio, pour démontrer le côté écolo du gouvernement. Nourriture, prédit-elle, qui sera accessible au plus grand nombre grâce à une espèce de chèque que recevront les plus démunis. 
   Je connaissais l'aide de sept euros quotidiens mise en place, fin mars de cette année, envers les personnes sans domicile afin de leur permettre de se nourrir pendant ce confinement, puisque ne recevant plus de dons des gens terrés chez eux, mais ignorais tout de cette nouvelle, et totalement inutile, aumône bio. Si elle doit voir le jour et ne pas être une simple vue de l’esprit d'une femme préoccupée de l’air du temps plus que de la réalité. 
   Car les légumes "bio" n'apportent rien de plus que les autres. Il est surprenant de constater avec quelle maestria des spécialistes du marketing, doublés d’entrepreneurs sans scrupules, ont pu enfoncer à coups de mensonges dans la tête du public la rumeur selon laquelle le bio est meilleur pour la santé. Il suffit pour s'en convaincre de comparer les aliments avec les tables de leur composition établies par Lucy Randoin et celles mises à jour par l’Académie d’agriculture. Pas beaucoup de différence entre hier et aujourd’hui (lire à ce sujet : Académie d'agriculture)
   Comme je suis persuadé qu'il ne sert à rien de tenter de démontrer le contraire, les croyants étant par nature sourds à tout ce qui peut contredire leur foi, pour la bonne raison qu’ils refusent l’humiliation d'avoir été cocufiés si longtemps sans s'en rendre compte, je me bornerai à rassurer ceux qui culpabilisent de ne pouvoir acheter autre chose que les fruits et légumes ordinaires en leur affirmant qu'ils ont non seulement parfaitement raison de ce faire, mais qu'en plus, protégeant leur santé, car les fruits et légumes courants sont parfaitement contrôlés, ils éviteront de se sacrifier inutilement. Quoi qu'il en soit, mangeons comme nous voulons, bio ou non selon nos convictions, mais surtout uniquement en fonction de nos dépenses énergétiques et en cessant de dire le bio c'est mieux, parce que c'est faux. 
   Dans le compotier de la maison, l'autre jour il y avait en test des citrons bio. Outre le fait que leur jus n’était ni meilleur, ni plus beau, ni plus ou moins acide et avec autant de pépins que celui des autres que je presse chaque matin, deux d'entre eux, le lendemain de leur achat, devenus immangeables, la moisissure les ayant totalement envahis, ramollis et pourris qu'ils étaient. Loin du miracle de la multiplication des pains, mais en plein de celui du doublement mécanique du prix avec nécessité de se réapprovisionner plus rapidement que prévu. Ou l’art d'escroquer le client en l'obligeant à consommer plus qu'il ne souhaitait.

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