Des gendarmes en surchauffe

 

   Les images diffusées par Youtube de l’arrestation d’un employé de supermarché qui ne faisait que son travail, par deux gendarmes sans leur calot en raison de la taille du cerveau ou de sa surchauffe, me suggèrent plusieurs réflexions.    
   Tout d’abord celles concernant les réactions positives, c’est-à-dire l’attitude, en premier lieu, du client qui prévient qu’il assistera jusqu’au bout à la prestation gendarmesque, évitant ainsi, et certainement, un dérapage dramatique, ensuite le commentaire de la directrice du magasin qui s’étonne d’une telle débauche de violence de la part de ceux qui ne sont en rien chargés de juger du bon ou mauvais usage d’un masque et enfin des juges qui n’ont sanctionné le jeune homme, parce qu’il fallait bien le faire puisqu’il avait reconnu avoir apostrophé les représentants de la maréchaussée, que d’un rappel à l’ordre. Ces gens, en quelque sorte, rétablissent l’honneur d’une société qui commence sérieusement à divaguer.    
   Quant à l’exploit des deux olibrius nantis d’un uniforme, sans doute le port de ce dernier leur a-t-il tourné la tête au point de les transformer en grands prêtres imbus de leur savoir chargés de faire respecter un dogme vestimentaire issu de leur imagination. Pourquoi n’avoir pas, de plus, reprocher au jeune homme, l’absence de mains gantées, de bonnet, de surchausses, de blouse de bloc opératoire ou encore juger de la propreté de ses chaussures ?    
   Au-delà de leur stupidité dangereuse, et malgré l’approbation hiérarchique tout aussi imbécile que leur acte, ils deviennent la justification, pour une majorité de citoyens, de la haine ressentie envers les forces de l’ordre. Ne soyons donc pas étonnés de ce dédain du peuple vis-à-vis de sa police. Les haines, comme œufs battus en neige, prenant de l’ampleur, ne soyons pas surpris non plus si ce type d’évènement tend à se multiplier.    
   Une anecdote personnelle montrera que la contamination au coronavirus n’est pas uniquement respiratoire, virus qui, soit dit en passant, n’en est qu’un parmi tant d’autres nous assaillant à chaque instant de notre vie et contre lesquels, malgré leur dangerosité, nous n’employons aucune barrière protectrice. Le lavage de cerveau auquel nous sommes soumis risque de faire plus de dégâts que la bestiole pékinoise qui en est la cause.    
   L’autre jour je devais récupérer un colis d’environ soixante dix kilos. Téléphonant au centre de livraison, je fus rassuré par l’aide au chargement que l’on me proposa. Guilleret j’arrivai près des hangars grands ouverts et aérés où l’unique employé de service me demanda de mettre un masque. Las ! Je l’avais oublié, n’en ayant aucun dans la voiture. Il ne m’en offrit pas. Lui proposant diverses solutions, dont un gilet jaune autour du nez, qu’il refusa, lui expliquant que nous étions en plein air et qu’à son âge, bien plus jeune que moi, il ne risquait rien, il me répondit qu’il avait une famille, qu’il se devait de la protéger et qu’en conséquence sans masque digne de ce nom il refusait de m’aider. Pestant et maugréant après cette société clownesque et devenue complètement con, je m’attelais à charger mon colis. N’ayant rien perdu de ma vigueur malgré mon âge bientôt canonique, je parvenais à mettre dans le coffre le lourd et volumineux objet tandis que mon magasinier trouillard, par crainte de m’entendre tousser, se calfeutrait dans son bureau exigu duquel il ne sortit pas même pour me faire signer un bon de livraison qu’il m’indiquait, par gestes mensongers à travers la vitre, inexistant.    
   Pour en revenir et finir avec la maréchaussée du début, je dois indiquer que j’ai une nièce qui a depuis peu incorporé le corps de la Gendarmerie. Je souhaite ardemment, mais j’en suis d’ores et déjà convaincu, qu’elle ne succombe pas au virus de la domination ou de la suprématie du tyran due au fait de porter un uniforme. Et j’espère qu’elle lira ces quelques lignes.

Commentaires