Couvre-feu

 


   Couvre-feu. Terme de guerre. Ce mot résonne comme une menace et non comme promesse de guérison. D’ailleurs il est assorti d’une convention punitive. Comme jadis. Celle ou celui qui ne respectait pas cette atteinte à la liberté était arrêté. Voire fusillé si suspecté de terrorisme. Nous y revenons. En cas de récidive, de sorties non autorisées, d'absence de laissez-passer, forte amende et six mois de prison. Pour un virus que rien ni personne n’arrêtera, comme les autres virus qui, on ne sait trop pourquoi, vont, viennent, disparaissent, réapparaissent, au gré des contaminations. Et il en existe des milliers, et de bien pires. N’oublions pas que celui qui nous préoccupe actuellement se propage moins vite que celui de la grippe même s’il est un tantinet plus délétère. Et si guerre il y a, elle est personnelle et non étatique, chaque individu étant exposé à chaque instant de sa vie à de multiples agents pathogènes contre lesquels il doit lutter. Avec l’aide de la médecine parfois, mais le plus souvent sans qu’il le sache, le conflit et la victoire passant inaperçus.
   Ils ont peur de la mort et elle rôde à chaque seconde au plus profond de la vie.
   Je ne dis pas qu’il ne faut pas se protéger, notamment dans les lieux de soins ou de résidences, hôpitaux, asiles et autres maisons de retraite publiques ou privées. Là c’est le bon sens, ailleurs c’est l’outrance. Tout comme il est prudent de se faire vacciner contre la grippe, puisque vaccin il y a, à la différence de la Covid. Lorsque la solution thérapeutique existe il est judicieux de l’utiliser, sinon c’est faire preuve de sottise et militer pour l’instauration de mesures liberticides, moralisatrices parfaitement inutiles mais intellectuellement sécurisantes.
   Car nos gouvernants se protègent. Je les comprends. Déjà se profilent les cohortes de crétins — bien souvent adversaires des vaccins qui plus est — qui portent plainte, drogués à l’assistanat qu’ils sont. Avec des avocats mercantiles pour les entendre et des juges sans conscience pour diligenter des perquisitions. Demain, pour un rhume banal, dont l’agent est l’un des quelque deux cents virus potentiels, dont des coronavirus, une personne éternuant sera considérée pestiférée mais assez lucide pour déposer une plainte contre l’État qui n’aura su la protéger. Nous voyons que c’est déjà le cas.
   Alors ne reste que la coercition pour donner une apparence d’action.
   Et vous verrez que des abrutis fascisants réclameront la peine capitale contre ces terroristes qui, comme moi, pensent que tout ce vacarme est très exagéré, ne sert pas à grand-chose sinon à provoquer un cataclysme bien plus conséquent dont les vagues successives n’ont pas fini de déferler.
   Le monde vit le syndrome de Diogène, celui-là même qui conduisit Howard Hughes à vivre reclus et mourir, non pas des microbes dont il avait peur, mais de solitude, dénutri, cachectique et complètement dingue.

Commentaires