Flics en bande organisée

 

Marcel Gromaire - La guerre - 1925 - MAM - Photo RMN

    Suite à la débauche de coups assenés sur Michel Zecler, producteur de musique, par une bande organisée de trois flics s’imaginant au-dessus des lois, puis la forfaiture consistant à produire un faux compte rendu relatant les raisons de son arrestation pour le moins musclée, il n’y a pas grand-chose à ajouter à leur mise en examen ni à l’incarcération de deux d’entre eux, sinon que je ne comprends pas bien les raisons du juge d’en exonérer le troisième ainsi que celui qui s’entraîna au balancement de grenade en lieu clos et privé.
    Mais je ne suis pas juge, heureusement.
    Il y a toutefois un point que j’aimerais préciser. Ces gardiens de la paix, les mal nommés, devraient en plus de leur mise au ban de l’humanité, paradoxalement, recevoir les félicitations du jury si d’aventure ils comparaissent un jour en cour d’assises pour leurs crimes.
    Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ont brillamment démontré, à leurs dépens, in vivo, tout d’abord l’inanité de la loi de sécurité globale – dont on se demande qui sont les imbéciles qui ont cru bon d’ajouter à ce qui existe déjà – contre laquelle défilèrent samedi un grand nombre de partisans de la liberté – malgré, comme toujours, les forfaits commis par ces voyous que sont les black blocs, meute sans idéologie hormis celle de casser du flic et du matériel, au comportement tout autant inacceptable qui gangrène et décrédibilise toute manifestation – ensuite ont prouvé, une fois de plus, que le fait de porter une casquette de policier vous transforme un crétin en malfaiteur sûr de son impunité.
    Il devient donc urgent de revoir de manière approfondie le recrutement et la formation des policiers, surtout lorsqu’on assiste, pratiquement en direct grâce aux multiples témoins munis d’un téléphone portable, à la méchanceté totalement gratuite d’un commissaire qui, croyant jouer encore dans la cour de récréation de la maternelle où il étudia assidument la déontologie, fit un croche-pied à un migrant qui courrait, pendant que ses sbires, lundi dernier, secouaient et détruisaient des tentes pour en extirper des hommes, des femmes et des enfants qui tentaient de se protéger du froid dans l’attente d’un abri décent, les cognaient à qui mieux mieux aussi sauvagement que le samedi suivant, le journaliste qui se retrouva à l’hôpital, nez fracturé, après avoir tâté de leur matraque.
    Toutes ces exactions sont inadmissibles, de plus déshonorent l’ensemble de leur corporation.
    Si la police ressemble à ça, je ne m’étonne pas qu’elle réclame une loi pour masquer les actions indignes qu’elle commet (quel eût été l’avenir de Michel Zecler si les images de son tabassage n’avaient été diffusées ?) non plus que je m’interroge sur l’humanité toute spéciale que leurs anciens déployèrent lors de la rafle du Vel d’hiv, sans aucun doute les prolégomènes à cette « …ligne républicaine qui sert de guide, cette ligne qui a éclairé les pas de nos anciens dans les ténèbres de l'histoire… » comme le chantonne l’actuel préfet de police de Paris dans un courrier adressé à ces fonctionnaires à l’enthousiasme percutant.
    Quant à Darmanin qui pense que déconner caractérise un crime, je lui conseille de consulter les dictionnaires avant de parler et à son devancier dans la fonction, Castaner, d’arrêter de se gargariser en prédisant une refonte de l’article 24 qui, en l’état, ne peut être rectifié car actuellement devant le Sénat. Le plus sensé serait de retirer le projet de loi. D’autant qu’il existe suffisamment de textes pour châtier les délateurs criminels du bord adverse qui déversent honteusement sur des réseaux dits sociaux leurs menaces à l’encontre des policiers, mais aussi contre tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

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