Pass, passeport ou laissez-passer ?

   Je ne suis pas opposé aux vaccins en général pas plus qu'à celui contre le SARS-CoV-2, bien au contraire ayant été parmi les premiers bénéficiaires de ce dernier vaccin, mais suis farouchement opposé à toute ingérence autoritaire d’un État, d’un parti, d’un individu quel qu’il soit dans ma façon de penser ou d’agir. En conséquence je n’ai pas de « pass sanitaire » ou passeport (Passe-port, comme l’orthographiait Littré, vient du supin passum de pandere déployer, ouvrir et de portus du grec πόρος passage – que l'on retrouve dans pore, poreux, porosité. Port se retrouve également dans Saint-Jean-Pied-de-Port, par exemple, là où l'on pouvait franchir la frontière).

   Qui plus est lorsque cette ingérence est contraire à la loi comme l’est l’instauration d’un passeport discriminatoire élaboré au nom d’une prétendue sauvegarde sanitaire et ce malgré l’approbation d’un Conseil constitutionnel sans doute en proie à l’hystérie collective ambiante et actuelle.

   Comme parfaitement expliqué dans le texte mis en ligne sur le blog de Laurent Mucchielli(1), rédigé par Clément Schouler, magistrat, la loi du 5 août 2021 est en contradiction formelle avec celle du 12 juillet 1990, toujours en vigueur puisque non abrogée, qui stipule à l’article 225-1 du Code pénal que « constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement notamment de leur état de santé », discrimination punissable de trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, le tout porté à sept ans et 75 000 € si la discrimination est commise dans un lieu accueillant du public.

   Plusieurs réflexions s’imposent.

   Tout d’abord il est faux de croire que seules les personnes de droite ou, pire, d’extrême droite sont opposées au passeport sanitaire. Seuls les arguments que font valoir ces idéologues, comme la référence à l’étoile jaune, sont outranciers et contestables (les porteurs de l’étoile jaune n’avaient pas le choix, sauf à vivre dans la peur constante ou se terrer indéfiniment. Toutefois le mécanisme est identique mais inverse : ce sont les personnes bienvenues qui arborent le sésame. Le glissement peut devenir dangereux).

   Ensuite la question se pose de savoir si le vaccin est efficace ou non. Si oui, comme tout le laisse à penser, les personnes vaccinées n’ont rien à craindre de ceux ou celles qui refusent le laissez-passer sanitaire par raison ou de ceux et celles qui ne peuvent l’obtenir par absence de vaccination et dès lors il devient anormal et discriminant d’interdire à ces derniers de côtoyer, au prétexte qu’ils les contamineraient, les autres humains protégés. À l’instar des lépreux du Moyen Âge, demandera-t-on bientôt à ces contestataires de se promener avec une crécelle ?

   Enfin, et pour clore mon discours un peu long, risque-t-on plus ou moins une éventuelle contamination chez l’épicier du coin que dans un centre commercial, de quelque superficie soit-il, restaurants, bars et autres lieux (les statistiques montrent que les risques de développer la maladie sont faibles eu égard aux nombres de porteurs – j’aimerais rappeler à ce propos que nous sommes tous porteurs de virus variés et divers sans exception) ? Ni plus, ni moins !

   (1) Médiapart blog Laurent Muchielli

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