Les ni-ni sont-ils neuneus ?

 

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   Les ni-ni sont-ils neuneus ? Ce n’est pas les injurier, c’est s’interroger familièrement afin de savoir s’ils sont niais ou nigauds.

   Car enfin, la démocratie à la française, lors de l’élection présidentielle, se déroule en deux temps. Le premier temps permet de choisir parmi les candidats celui qui a notre préférence. Dans le second temps, et puisqu’il ne reste que deux postulants, et pas forcément celui que l’on a choisi, il s’agit simplement d’éliminer celui que l’on juge inapte à gouverner.

   Cela étant je comprends parfaitement la déception de celles et ceux qui voient leur candidat préféré recalé. Mais ce n’est pas une raison pour réagir comme un enfant privé de dessert et bouder dans son coin.

   Le droit de vote, c’est-à-dire le droit d’exprimer son point de vue, ne fut pas obtenu sans difficultés. Quelques dates marquent les étapes de ce pouvoir que le peuple obtint en 1789, où seuls les citoyens ayant une certaine aisance (qui payaient l’impôt, le cens, ou étaient très riches) votaient pour un suffrage dit censitaire ; c’est en 1792 que fut instauré le suffrage universel uniquement masculin, puis bien des aléas plus tard les divers empires, monarchies et républiques au pouvoir transformèrent, supprimèrent, rétablirent, modifièrent ce droit de vote selon leurs caprices électoraux. Les femmes n’obtinrent ce droit qu’en 1944, suivis par les militaires de carrière un an plus tard. Et c’est en 1962 que le suffrage universel direct est instauré pour l’élection qui nous concerne aujourd’hui.


   Quant à l’âge où l’on devenait électeur, de 21 ans il s’abaissa à 18 ans en 1974. Ce qui conduit nos sorbonnards actuels à se croire révolutionnaires encagoulés pour haranguer leurs condisciples et les convaincre en débitant des arguties pour refuser voter. C’est là une grande marche arrière réactionnaire et totalement imbécile. Et ils se croient de gauche ! Ils ne sont qu’inconscients.

   Car enfin, il ne s’agit pas, minoritaires qu’ils sont, étudiants mais pas qu’eux, également quelques électeurs déçus revanchards, chagrinés, dépités, il ne s’agit donc pas de vouloir imposer sa façon de gouverner comme il semblerait qu’ils l’exigent, mais de reconnaître et accepter de bonne grâce la volonté majoritaire. Sauf à croire que l’on détient la vérité ce qui impliquerait que tous les perdants fissent de même, c’est-à-dire agissent à la Ponce Pilate se lavant les mains en laissant la porte grande ouverte aux aventures les plus dangereuses. C’est ainsi que les dictatures s’installent et que se déchaînent des tempêtes identiques à celle qui s’abat sur l’Ukraine actuellement. Lorsque les fascistes (et quoi qu’on dise, quoi qu’on pense, quoi qu’on fasse, le parti nationaliste arrivé second lors du premier tour de scrutin est un parti fasciste, pire peut-être que celui du pitre arrivé quatrième, car se masquant derrière de faux sourires et de fallacieuses paroles afin de tromper son monde) prennent en mains les destinées d’un pays ils font tout pour le conserver en rabotant systématiquement les libertés qu’offre la démocratie. Se croiser les bras et lui laisser la possibilité de contrôler nos vies est une aberration indigne d’un individu ayant un minimum de raison.

   Le candidat pour qui j’ai voté n’a pas eu l’heur de plaire à la majorité, ce n’est pas pour autant que j’en éprouve cette espèce de déception pathologique qui force à se replier sur soi, fuir en avant en laissant aux autres le soin de décider à ma place. Dimanche j’irai voter sans l’ombre d’un regret.

   Je sais bien que je ne convaincrai pas grand monde. Peu importe. Mais je continuerai de me poser la question, savoir si les ni-ni ne sont pas un peu neuneus de jouer avec le feu.



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