Nikolaï Sarkozevitch

   Depuis que Poutine le menaça d’écrasement, en juin 2007, et que Medvedev mima ses tics en novembre 2008, Sarkozy, tel un enfant sermonné, en pince pour le Kremlin. Peut-être s’imagine-t-il tsarévitch de l’un des deux dictateurs afin de leur succéder le moment venu.

   C’est ce que laissent croire ses dernières sulfureuses, mais erronées, pensées régurgitées lors de l’interview-marketing du Figaro en vue de la sortie de son prochain bouquin. Après avoir avalé les deux vomitifs précédents, il fallait bien que la nausée s’installât.

   Bref, selon lui, l’Ukraine n’est rien, sinon une espèce de trait d’union entre l’Orient et l’Occident et surtout qu’elle le reste. Pas d’Europe, pas d’Otan, niant ainsi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sûr que les Ukrainiens vont applaudir.

   Mais plus grave encore, par ses propos, « l’ami de toujours de Poutine », nie également le droit international concernant les frontières.

   Quant à l’histoire, n’en parlons pas, il la refaçonne.

   Non, l’Ukraine ne fut pas Russe jusqu’en 1954 (il n’est que de se rappeler la catastrophe industrielle de Tchernobyl de 1986, en Ukraine, pour en être certain). Affirmer une sottise pareille, c’est ignorer l’histoire de cet État. Ouvrir une encyclopédie c’est découvrir, primo, que, république autonome de l’URSS (comme la Biélorussie, par exemple, ou … la Crimée), elle détenait une certaine indépendance depuis Staline ; que, secundo, à la mort de ce dernier, Khrouchtchev lui rattacha la Crimée et qu’enfin, pour aller très vite, en 1991, à la faveur de l’effondrement soviétique, elle retrouve une totale indépendance approuvée à 90 % par referendum en décembre de la même année.

   Quant à la Crimée, péninsule annexée en 1783 par Catherine II dite la Grande (dix ans avant les trois quarts sud de l’Ukraine d’ailleurs par la même impératrice), son histoire est encore plus chaotique que celle du pays qui veut, au même titre que la France autrefois avec l’Alsace-Lorraine, reconquérir l’intégralité de son territoire.

   Car, volens nolens, la péninsule voulut rester ukrainienne, décision approuvée par sa propre population à plus de 94 % par le referendum de 1991.

   Alors, qu’un ancien président de la République Française ose affirmer que vouloir récupérer la Crimée est impensable, est non seulement irresponsable, mais aussi totalement… impensable.

   Enfin, suggérer benoîtement, avec un sourire d’hypocrite, que « La diplomatie, la discussion, l’échange restent les seuls moyens de trouver une solution acceptable », avec à la clef encore des referendums et des concessions, sous-entend son inféodation aux gangsters qui règnent actuellement sur le Kremlin. Précisant que « tout retour en arrière est illusoire ».

   Il ajoute que « les territoires disputés de l’est et du sud de l’Ukraine » devront faire l’objet de referendums (encore) pour sortir par le haut de cette situation en la tranchant définitivement et de façon transparente.

   Ami de Poutine et suppôt du gangster, il reprend sa diatribe. J’ai envie de lui dire qu’il y a longtemps que la situation est claire. Depuis 1991 exactement. L’Ukraine et la Crimée n’étant qu’une nation.

   Imagine-t-on un voisin nous envahir puis négocier une partie de la maison ? Nikolaï Sarkozevitch, oui, avec autant de dédain qu’un boyard vis-à-vis de ses moujiks qu’il vendait avec ses terres.

  Je me dois de corriger une erreur. Sarkozy, en évoquant l'année 1954, parlait de la Crimée et non de l'Ukraine. Cette date n’a rien changé puisque la péninsule était Russe avant mais également après cette date, au même titre que l’Ukraine d’alors qui d’ailleurs lui laissa son statut autonome (entré en vigueur bien plus tard en 1999). La nouvelle entité faisait toujours partie de l'univers soviétique. Et ce, jusqu'à la disparition de l'URSS en 1991.
  La république autonome de Crimée, sous occupation Russe, est toujours une région (oblast) Ukrainienne.  

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