La Cisjordanie

La militante palestinienne Ahed Tamimi, ici en février 2018. AP – Ariel Schalit

 

    « Une figure de la cause palestinienne a été arrêtée en Cisjordanie occupée, lundi 6 novembre. Ahed Tamimi, 22 ans, a été interpellée à son domicile à Nabi Saleh, près de Ramallah, dans la matinée par l'armée israélienne, qui la soupçonne d'« incitation à la violence et à des activités terroristes ». La jeune femme est, depuis des années déjà, une icône palestinienne qui embarrasse l'État hébreu. »

    C’est par ces mots que commence le court article paru sur le site internet de RFI.

   On ignore les raisons de son arrestation, sinon qu’on la soupçonne d’inciter à la violence. Donc on imagine. Or imaginer n’est pas prouver.

    Depuis l’âge de quatorze ans, après qu’elle a mordu un soldat israélien pour défendre son jeune frère, elle milite pour la libération de son territoire occupé par Israël (j’allais écrire son pays, mais seule une infime partie – à peine 10 % de sa superficie – est administrée par les Palestiniens) et envahi de ses colons fascistes et hégémoniques.

   Mais militer n’implique pas forcément la violence. Elle souhaite simplement vivre en paix, chez elle, dans son pays, sur sa terre.

   La Cisjordanie aurait pu être ce pays évoqué pour les Palestiniens afin qu’ils vivent aux côtés d’Israël. Depuis la guerre des 6 jours, en 1967, l’État Hébreu en a décidé autrement.

  Mais le pire est cette colonisation inique ininterrompue, marque de l’hégémonie insensée de l’extrême droite qui dirige ce pays depuis des décennies.

  En décembre 2008, j’écrivais un billet sur ma lassitude de toujours constater la vengeance par les armes, exercée par Israël. Et il ne faudrait pas que cette violence se propageât sur la Cisjordanie.

   Mais rien n’a changé.

  Je disais, alors, que chaque bombe larguée multiplierait par cent ceux qui ne pardonneront jamais et se vengeront à leur tour.

   Rien n’a changé.

   Je disais que ce gouvernement n’engendrait que la haine en dédaignant les Palestiniens, en les parquant comme du bétail, en ne leur proposant que la violence et l’irrespect.

   Rien n’a changé.

   Bien sûr, le Hamas est un groupe terroriste et les crimes commis le 7 octobre sont, eux aussi, abominables, impardonnables.

    Bien sûr, je comprends le désarroi de ce peuple face à l’ignominie.

   Bien sûr, le désir de vengeance, normalement, humainement, envahit chaque cœur meurtri.

    Mais jusqu’à quand ?

   Rien ne changera donc jamais ? Et il ne faudrait pas que cette violence se propageât sur le territoire occupé de Cisjordanie.

   Et pourtant, si vous ne voulez pas que l’antisémitisme continue d’exploser dans le monde, si vous ne voulez plus entendre ces cris de haine à votre encontre se déversant tel un fleuve en cru, si vous ne voulez pas disparaître un jour, si vous ne voulez pas que vos enfants, demain, souffrent comme vous avez souffert, il vous faudra trouver la solution d’une paix pérenne, par le dialogue et non les armes. Sauf à vous complaire dans ce rôle de victime qui n’est plus de mise aujourd’hui.

    Et cette paix passe par l’instauration d’un État Palestinien, véritable, libre, autonome à vos côtés. Que vous le vouliez ou non.

    Alors, de grâce, quand les bombardements se seront tus sur Gaza, inutiles sans doute dans leur finalité, mais nécessaires à calmer votre douleur, à panser vos plaies, abandonnez cet impérialisme qui n’est plus de mise en ce siècle, ne considérez plus vos frères Palestiniens comme des ennemis systématiques et laissez-leur l’espace nécessaire pour qu’ils puissent vivre en paix à vos côtés. 


 

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