Que retiendra l'Histoire de ces deux ans ?

 

Mis à part quelque 200 km2 perdus par l'Ukraine, peu de changement à ce jour
 

   Que retiendra l’Histoire des évènements de ces deux dernières années ? Et en particulier de cette agression Russe envers son voisin l’Ukraine ?

   Que les démocraties occidentales, malgré leurs belles paroles, leurs promesses réitérées, n’auront rien fait, ou pas grand-chose pour éviter que cet État souverain soit rayé des cartes du monde, englouti dans les abysses qu’une poltronnerie générale aura creusés inexorablement. À tout le moins débité, tronçonné, tranché comme un vulgaire saucisson, au mépris des lois que l’on nomme pompeusement internationales.

   Car le destin de l’Ukraine est vraisemblablement scellé en partie dans l’esprit des dirigeants démocrates. Déjà l’Amérique ne lui livre plus d’armes à cause de l’imbécillité du dingue du Capitole, Trump ; mais pas seulement ! Le secrétaire de la défense actuel, Lloyd Austin, critique ses frappes sur les raffineries (1) au prétexte qu’il s’agirait de cibles civiles Russes risquant de provoquer une envolée du baril de pétrole, voire une pénurie mondiale. Rien que ça ! Antienne reprise allègrement par l’OTAN et son secrétaire général, Stoltenberg, valet des States. Ils interdisent toujours les missiles à très longue portée susceptibles d’atteindre le cœur des villes Russes. En revanche, ces derniers ne se privent pas de faire l’exact contraire.

   Quant aux Européens, l'absence d'armée commune, leurs divergences, alliées à une bureaucratie que même Kafka n’aurait pas imaginée, les clouent dans une inefficacité délétère. L’Allemagne, par exemple refuse toujours de livrer ses missiles Taurus, à la portée insignifiante de 500 km eu égard à celle des engins de Poutine qui pleuvent sur les civils d’Ukraine.

   À quoi bon, la bouche en cœur, dès lors chanter un immarcescible soutien à l’Ukraine ?

   À quoi bon, en minaudant, hier au début du conflit, avoir voté un embargo sur le pétrole russe ? Et d’une manière générale, à quoi bon avoir émis toute une série de mesures prétendument contraignantes qui devait faire plier Poutine et ses sbires, mesures qui n’auront servi à rien, y compris les financières ? Pour se donner bonne conscience et rejeter ensuite sur les Ukrainiens, incapables de se défendre, et pour cause, les raisons de leur défaite que nous savions inéluctable. Le cynisme à son apogée.

   Il faut bien reconnaître que l’aspiration des peuples est la tranquillité, tel « Qu'un peuple heureux rotant tout seul dans sa mangeoire » (2), bien à l’abri sous le parapluie de son toit. Dès lors, afin de plaire aux électeurs sans conscience, il devenait nécessaire de ménager la chèvre et le chou. Sans vergogne nous pouvons justifier nos actions contradictoires sans prendre la mesure du danger qui guette. Les parapluies, cependant, ont une tendance, eux aussi, à s’envoler sous le souffle des bombes.

   Enfin, décréter une économie de guerre, qui n’en a que le nom, ne sert guère qu’à redonner à notre armée les moyens qu’une austérité budgétaire aura rabotés. Non fournir les armes nécessaires à ceux qui en ont besoin.

   Lorsque Publius Valerius devint consul, en l’an 509 avant JC, ensuite, à trois reprises, élu par le peuple de Rome qui l’honora du nom de Publicola, il prit nombre de mesures qu’il fit ériger en lois. L’une d’entre elles (Lex valeria de sacrando) est décrite par Plutarque, au chapitre XXI de sa vie de Publicola : ainsi populaire et modéré dans ses ordonnances, il exagéra parfois la rigueur de la peine «…car il fit une ordonnance par laquelle il permit de tuer, sans autrement mettre en justice, celui qui aspirerait à la tyrannie, voulant que celui qui aurait fait le meurtre fût absous à pur et à plein, moyennant qu’il fit apparoir comment le tué aurait attenté de se faire roi. » (3)

   C’est certes radical, mais malgré nos TPI et notre CPI, inopérants pour les accusés absents, les dictateurs s’en donnent à cœur joie, protégés qu’ils sont derrière leurs frontières alors qu’ils violent celles des autres. Publicola, il y a 2 500 ans, l’avait déjà compris et malgré l’horreur qu’est le meurtre d’un Homme, qu’il soit assorti ou non d’un jugement, il faut bien reconnaître sa nécessité lorsque l’avenir de l’humanité est en jeu. À tout le moins les neutraliser par les actions ciblées de nos bombes si précises. Nos dirigeants velléitaires portent la responsabilité des exactions commises impunément par ces assassins aux ambitions planétaires destructrices.

   (1) - UBN. news

   (2) - Léo Ferré - Madame la misère - L'Été 68 - Barclay, 1969

   (3) - Plutarque - Les vies des hommes illustres - traduction J. Amyot - La Pléiade, tome I, p. 226 - Gallimard, 1951

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