L'ouverture des JO, avant le festin des dieux

Le Festin des dieux - Van Bijlert - vers 1635-1640 - RMN Grand Palais (musée Magnin)

   Les pisse-vinaigre sont légion ! De vraies bandes organisées. Je vous le dis sans vergogne, ces bilieux m’emmerdent. De toutes nationalités, de l’Oural à la Silicon Valley, de l’Erebus au Groenland. De l’évêque Gobilliard à l’autiste Musk, du charlatan Trump aux fascistes nationaux.

   Jusqu’à Finkielkraut, notre vert philosophe qui trouva le spectacle grotesque. C’est son droit et vous pouvez le lire ici. Sans doute eût-il aimé que Thomas Jolly nous la jouât à l’Eschyle façon Les Perses plutôt qu’à la Rabelais genre Gargantua. Il n’a rien compris l’académicien. Il vieillit. Il s’encroûte. Il aurait préféré qu’on se fasse tartir. Mais la cérémonie d’ouverture des JO, ce n’était qu’une fantaisie, un divertissement type feu d’artifice. Il est venu ensuite le feu, scintillant, pétillant, la Tour enrubannée de faisceaux laser et de panaches multicolores. Comme les peuples venus ici se mesurer, mais d’abord s’amuser, divers et variés. Sur la Seine voguaient les bateaux, s’agitaient les drapeaux, riaient les badauds et fusaient les bravos. La foule applaudissait au rythme gesticulant des athlètes sur l’eau qui mouillait leurs tricots. Les artistes à leur tour leur donnaient la réplique en chantant, en dansant, en mimant. Et ce fut beau souvent, très beau quelquefois, sublime enfin avec Marina Viotti puis Céline Dion. Même si parfois le défilé fut long. Il fallait aussi respecter la tradition tout en l’explosant. Et le peuple aime ces fêtes sans penser à rien d’autre, que s’amuser avant que combattent les dieux du stade. Défilé sans queue ni tête, juste ce fil rouge des bateaux qui passaient sous la pluie qui tombait. Le ciel avait décidé de pleurer de joie.

   Mais venons-en au plat du jour, sur le menu des agapes marqué « Festivités ». Alors là, les cons, religieux ou pas, n’ont pas aimé. Pas du tout. Miros comme des taupes. Pensez donc, ils se sont moqués de Jésus. Son dernier repas, mimé, ridiculisé ! Et avec qui ? Des drag-queens. C’est la mode en ce moment. Des mecs qui n’en sont pas avec une femelle auréolée trônant au milieu de la table, la Cène à la Léonard de Vinci. Corrigée par des vandales ! Ah, elle est belle la France ! Et je vous fais grâce du reste, la faute à Macron, démission. Vouons aux gémonies ces mécréants et puisque nous y sommes, menaçons de mort la femelle du groupe, sorte de Marie Madeleine qui n’avait rien à y faire. Amen ! Prions mes frères pour le salut de leur âme, la nudité dyonisienne de Philippe Katerine et l’encombrante présence de Barbara Butch.

   Ignares ! Vos prières, savez-vous vers qui elles sont allées ? Vos Dieux ? Que nenni ! Vers d’autres déités, celles de l’antique, quand furent créées les olympiades où les athlètes lutaient, nus. Vous avez prié des dieux de pacotille qui ne valaient guère plus que ceux d’aujourd’hui. Abandonnés depuis longtemps, Zeus et compagnie, précurseurs des vôtres qui s’évanouiront tout autant demain après les avoir honorés de même manière. Car ce tableau que vous avez cru reconnaître, la Cène de Léonard, il semble que ça ne l’était pas, même si le génie du maître inspira pas mal de ses collègues. Il s’agissait du festin des noces de Thétis et Pélée. Un repas donc, aussi, mais de bamboche et non de séparation. « Le Festin des dieux » imaginé et peint vers 1635-1640 par le Hollandais Jan Harmensz van Bijlert. Sujet à la mode de l’époque où les amours antiques fascinaient car souvent contrariées. Thétis, par exemple, nymphe marine que se disputaient Zeus et Poséidon qui s’en détachèrent après que Thémis leur a prédit qu’elle aurait un fils supérieur en tout à son père. Elle épousa donc le roi de Théssalie, Pélée, avec qui elle enfanta Achille. Le reste de l’histoire est connu. Alléluia !

   Mais quand bien même se fut-il agi du tableau de Léonard, en quoi l’imiter devenait-il un blasphème ? En quoi se justifiait l’anathème ? Pourquoi la menace de mort s’ajoutait-elle à votre persécution ? Tout ce remue-ménage, cette haine déployée, cette violence pour un tableau, pour un festin de noces ? Tout n’est qu’imagination. Des peintures jusqu’au spectacle. Et rien, non rien ne permet un tel déchaînement de haine et de violence. Rien, sinon votre sottise et votre intolérance. Si vous n’aimez pas – et c’est votre droit le plus strict – dites-le certes, comme notre philosophe, mais sans haine, sans agressivité, tout simplement.

   Ou passez votre chemin.

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