Censure, un mal pour un bien ?

Madame Anastasie, 1874, par André Gill (1840-1885), caricature utilisée pour symboliser la censure

   Et si cette motion de censure, votée par une majorité d’irresponsables, ayant été un mal, mais révélant scélératesse, perfidie, devenait un bien ?

   Au moins sait-on désormais ce que valent les négociations menées avec une Le Pen ivre de son pouvoir : promesse d’alcoolique ! Barnier – qui aurait mieux fait de s’abstenir – tenta maladroitement de l’approcher pour éviter cette censure. Tout ce qu’elle exigeait, elle l’obtint ; il abandonna la taxe sur l’électricité, la modification de l’aide médicale d’État, la réforme du scrutin pour les futures élections et l’abandon du non-remboursement de quelques médicaments. Le Premier ministre cessa toute discussion lorsqu’il s’aperçut qu’elle en redemandait. Trop, c’était trop. Il espéra qu’avec ce qu’elle avait obtenu elle ne le censurerait pas en associant sa voix à celle des gauches. Elle montra alors son véritable visage, celui de la duplicité.

   Quant aux autres, à l’opposé dans l’hémicycle, plus vulgaires que jamais, dont le patron, Machiavel de faubourg, hilare, telle une vedette, en grand seigneur, s’invita à la tenue des discours le temps d’écouter un de ses larbins débiter ses sornettes, ils dévoilèrent un peu mieux la servilité qui les soude. Satisfait de son pouvoir de nuisance, Mélenchon écouta le persiflage vipérin de Le Pen, convaincu qu’il avait enfin gagné la démission de Macron. Puis il s’éclipsa, dédaignant la parole de ses alliés provisoires.

   C’est un peu court, vieil homme, pour paraphraser une réplique célèbre. Un peu court pour espérer concourir encore avant la sénilité. Il est déjà trop tard. Macron ne lâchera pas les commandes pour laisser libre cours à vos ébats de populistes stériles pressés d’en découdre, alors qu’il peut les reprendre, quand il lui plaira, grâce à l’article 16 de la constitution. Les pleins pouvoirs, certes, mais pourquoi pas ? Puisque vous œuvrez, dans une alliance contre nature, à vouloir sa mort politique, il serait malséant de le lui reprocher.

   Finalement, ce vote irresponsable fut un mal pour un bien mettant à nu la véritable motivation des protagonistes en cause, la seule préoccupation de leur personne.

   Mais il révéla aussi un Attal superbe dont le discours s’accorda avec ce que j’affirmais déjà dans un précédent billet, au sortir des dernières législatives. L’unique solution étant un accord entre gens de bonne volonté, députés de la gauche modérée jusqu’à ceux de la droite libérale en passant par les centristes, abandonnant à leurs destinées contraires ces extrêmes qui, sur bien des points, se ressemblent et concordent pour se consacrer à ce but unique, celui de nuire. Que font en effet, dans cet attelage brinquebalant, socialistes, communistes et écologistes, asservis sous le joug ?

   Il serait temps d’y songer pour le bien de la France.

   NB : J’ai écrit ce petit billet avant l’intervention du chef de l’État. Je me suis heureusement trompé sur un point, celui des pleins pouvoirs. E. Macron eut la sagesse de n’y pas recourir, le peuple n’aurait pas apprécié. Désormais le choix d’un Premier ministre consensuel lui incombe. J’ai cru comprendre que socialistes et écologistes se sont manifestés pour le rencontrer.

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